Nos droits valent bien une grève générale !
Nous avons connu, entre mars et juillet dernier, une mobilisation exceptionnelle – par sa durée comme par la diversité de ses approches – contre la loi « Travail ». Celle-ci a été définitivement adoptée fin juillet, par l’application de l’article 49-3 de la constitution qui dispense de vote devant l’assemblée nationale.
L’enjeu, aujourd’hui, pour tou·te·s ceux·celles qui pâtiront de cette dégradation historique de leurs droits (travailleur·euse·s, précaires, chômeur·euse·s, jeunes, retraité·e·s, etc.) est d’empêcher la publication des décrets d’application de cette loi, d’obtenir son abrogation, d’œuvrer à la construction d’un droit du travail réellement protecteur des salarié·e·s, d’arracher de nouveaux droits sur les conditions et le temps de travail, de reprendre en main leurs vies pour finalement viser à abolir le salariat en tant que rapport économique d’exploitation capitaliste.
Une victoire sur la loi « Travail » reste à notre portée. Rappelons que le Contrat d’Insertion Professionnelle (CDD visant à faire travailler les jeunes pour des salaires en-dessous du Smic), adopté le 20 décembre 1993 et dont les décrets d’application ont été publiés le 23 février 1994 a été suspendu un mois plus tard puis abrogé en août de la même année grâce à la forte opposition populaire à cette régression sociale.
En ce mois de septembre, il est temps que nous reprenions la main sur ce mouvement social qui ne demande qu’à renaitre. Il faut que ce soit l’ensemble des travailleur·euse·s, avec ou sans emploi, qui décide des actions nécessaires à mener et de leur temporalité. Nous ne pouvons plus nous permettre d’obéir à un calendrier et à des règles du jeu fixées par d’autres – État et « partenaires sociaux ». Sur nos lieux de travail et de vie – entreprises, quartiers, places publiques… – organisons-nous en assemblées générales souveraines et décisionnelles. Œuvrons à ce que l’expression et les volontés de chacun·e y soient prises en compte d’égal à égal. Expérimentons la démocratie réelle, horizontale et directe. Opposons notre modèle d’organisation, créatif et en évolution permanente, aux dénis de démocratie gouvernementaux, à la parodie de « dialogue social » que la loi « Travail » contribue encore à déséquilibrer.
Ce mouvement social est également le bon moment pour s’impliquer dans un syndicat, participer à ce laboratoire de démocratie directe, de solidarités et d’alternatives que peut-être le syndicalisme si – comme à la CNT – un soin particulier est porté à ces problématiques, loin du corporatisme et de la bureaucratie, qui confisquent trop souvent aux travailleur·euse·s ce formidable outil d’auto-organisation.
Enfin, si nous voulons réellement peser et faire pression sur ceux qui sont derrière cette loi « Travail », il faut viser les intérêts du patronat : c’est à nous, qui produisons les biens et les services, de décider de la façon dont doit s’organiser cette production. Plutôt que des « journées d’action » ponctuelles, c’est la grève générale reconductible que nous devons opposer au patronat. Par ailleurs, une telle grève peut être un moment fort de réappropriation de nos lieux de vie et de travail, de construction d’alternatives au salariat et à l’organisation autoritaire et hiérarchique propres à l’État et au capitalisme.
Texte de la CNT de Nantes