Le jeudi 21 janvier 2021, en plein hiver, les forces de l’ordre et la préfecture ont procédé à l’expulsion de la Grande Ourse, un lieu militant et solidaire. Elle hébergeait de nombreuses personnes sans abris, des étudiants, des travailleurs pauvres… Les questions de pauvreté, d’égalité, de solidarité, étaient au centre des actions menées par ses militants, ils-elles organisaient d’ailleurs régulièrement des maraudes pour distribuer de la nourriture aux personnes à la rue. Les gens de l’extérieur pouvaient aussi s’y retrouver, il y avait régulièrement des événements culturels, projection de film, débats… Mais quel est donc le problème, à l’heure où les étudiants à Angers font face à une pénurie de logement, à l’heure où la crise du covid-19 plonge dans une misère une part de plus en plus importante des jeunes travailleurs-euses ? Le problème c’est que ces militant-es tiennent un discours politique, que par l’occupation d’un bâtiment inutilisé la sacralité de la propriété privée a été remise en cause. Ça c’est inacceptable, on ne remet pas cela en cause, surtout quand cette remise en cause profite à des gens qui ne comptent pas s’en servir à des fins capitalistes, surtout quand cela profite à des gens prônant des valeurs autres que la concurrence et l’enrichissement financier individuel. Donc voilà la préfecture va rendre le magasin de meuble à son propriétaire légitime sur le plan légal. Il va pouvoir y remettre des lits où personne ne dormira jamais ou faire d’autres projets lui permettant de gonfler un peu plus son capital.
Ce mois de janvier, est un mois bien triste pour la gauche angevine. La Grande Ourse est expulsée après le saccage d’un local associatif par les nazillons déjà bien connus et impunis quelques jours au par avant. Les cibles de la préfecture et de l’extrême droite sont les mêmes, ce sont ceux qui prônent d’autres valeurs que celle de la bourgeoisie capitaliste et de ses élites, ce sont ceux qui mettent en avant la solidarité, l’égalité et le droit à une vie digne qui sont victimes de ces violences. La différence est que la première agit sous couvert de légalité, l’autre comme les milices dont l’Europe garde un sombre souvenir. La mairie n’a même pas réagit alors que le saccage de ce local dont elle est propriétaire a bien été revendiqué par l’extrême droite tout en mettant en avant la « totenkopf » symbole des sinistres SS durant la seconde guerre mondial. Voilà où nous sommes rendus à l’heure actuelle, la mairie d’Angers ne réagit pas quand des fanatiques nazis mettent à sac un local municipal prêté à des associations. D’un autre côté ces fascistes occupent un autre bâtiment municipal, la mairie ne fait rien. Ils saccagent un local associatif, la mairie ne dit rien. La droite traditionnelle est en train de prendre un chemin bien inquiétant, en laissant faire l’extrême droite, elle se rend complice de ses agissements.
En période de crise sanitaire, la mairie d’Angers, mais aussi l’Etat, ont fait un choix fort. Réprimé les militants-tes qui proposent des alternatives à leur fonctionnement dogmatique, concurrentiel, où les travailleurs et les travailleuses sont considéré.e.s comme une charge pour le patronat capitaliste, où les travailleurs et les travailleuses privé.e.s d’emploi par cette bourgeoisie qui organise le chômage de masse sont montré.e.s du doigt comme des fainéants. Nos institutions et la droite de pseudo-opposition reprennent à leur compte les thématiques chères à l’extrême droite ainsi que certaines de ses théories conspirationnistes comme « l’islamo-gauchisme », qui fut jadis le « Judéo-bolchevisme ». Puis il la laisse s’organiser en milice et s’en prendre à des locaux associatifs en fermant les yeux. Mais c’était l’expulsion de la Grande Ourse la priorité, l’hiver et la crise sanitaire ça ne compte pas. Les personnes à la rue, ça ne compte pas…