Les femmes doivent avoir les mêmes droits que les hommes

Le 8 mars prend cette année une dimension particulière suite à l’affaire Weinstein. De toute part, le sexisme est de plus en plus mis au jour par des femmes courageuses, qui osent révéler les agressions quotidiennes, verbales, physiques et sexuelles qu’elles subissent.  Si cette parole est indispensable, elle n’est souvent audible qu’à concurrence de l’espace qui lui est
laissé par les hommes.

On a encore récemment vu, suite aux milliers de dénonciations opérées par les femmes à travers le monde, des hommes condamner ces déclarations, en recourant à un ensemble d’arguments antiféministes usés jusqu’à la corde. Il est bien évident que les femmes sont les mieux placées pour dénoncer les violences qu’elles endurent, pour lutter contre les inégalités qui les frappent. Cependant, si les femmes demeurent les seules à lutter pour leurs droits, l’abolition complète du patriarcat continuera de rencontrer les plus grandes résistances. Ces obstacles seront d’autant plus fermes que les hommes sont structurellement en situation de pouvoir institutionnel, dans le couple, dans l’entreprise, à l’école, dans la rue, au Parlement. Ils tiennent la position de «dominant
» face aux femmes qui sont les «dominées» dans nos sociétés structurées par le patriarcat. Les femmes ne peuvent donc pas compter sur une bonté spontanée des hommes afin que ceux-ci abandonnent leurs privilèges.

Or, les hommes peuvent renoncer à leurs privilèges, ils en sont libres à chaque instant. Ils peuvent participer à la lutte des femmes contre leur servitude en renonçant aux bénéfices qu’ils
possèdent, avantages qui sont toujours acquis et conservés contre les femmes. Conserver ses privilèges, c’est donner son accord à l’exploitation et à la domination des femmes.
Cette participation des hommes à la lutte féministe ne doit pas se faire au détriment des femmes, ce qui serait alors purement contre-productif. Elle ne doit pas non plus être une posture qui
est destinée à produire une image flatteuse de soi-même. L’action des hommes doit s’inscrire dans les espaces qui leur sont propres et réservés. Les hommes sont dotés, par la structure
fondamentalement inégalitaire qu’est le patriarcat, d’un pouvoir exorbitant. Il est temps pour eux de suivre leurs rares prédécesseurs masculins et de mettre leur pouvoir au service de l’égalité de genre.

L’urgence est telle, pour les femmes, que les mots ne suffisent pas. On ne peut pas se contenter des déclarations de principe. Il faut agir. Et, si les femmes sont quotidiennement aux
prises avec le sexisme et le patriarcat, les hommes sont pour l’instant confortablement préservés, et bénéficient même de la situation, qu’ils le souhaitent ou non. Il leur faut alors s’engager, par des
actes honnêtes, réfléchis et constants, dans la lutte pour la cause des femmes.

Cela commence évidemment par une profonde remise en question de soi, et de ce qui constitue la masculinité. Cette position de lutte doit s’ancrer politiquement, en opposition aux comportements patriarcaux (insultes sexistes, récit de conquêtes sexuelles, commentaires infamants, etc).

Il s’agit de refuser les paroles et les actes sexistes, de condamner ces violences, d’apporter son soutien aux femmes lorsque celles-ci en ont besoin. Il ne doit pas s’agir de parler ou d’agir à la
place des femmes, mais à côté d’elles, en se tenant prêts à les aider. Les hommes ont un rôle à jouer
dans cette lutte pour l’égalité.

A la CNT, nous affirmons que c’est ensemble, chacune et chacun pouvant agir à sa manière, que nous pourrons espérer faire disparaître autant rapidement que possible le patriarcat et le sexisme, et accéder enfin à l’égalité de genre.

CNT 73