Posts Tagged ‘anti-fascisme’

Billet d’humeur…

dimanche, janvier 17th, 2021

  » Maintenant Nicolas et Bart
Vous dormez au fond de nos cœurs
Vous étiez tous seuls dans la mort
Mais par elle vous vaincrez « 

J’écoute souvent la voix chaleureuse de George Moustaki qui chante ses mots. Tant de sentiment passe au travers de ce poème pourtant si court. Alors qu’il est inlassablement répété par le chanteur, il s’en dégage tant de tristesse, d’empathie, de colère et de détermination. À la fin de l’enregistrement, des cœurs se joignent à sa voix, quand je les entends, je sais que je ne suis pas seul, je sais que nous sommes nombreux à rejeter cette violence d’État qui dans ses pires extrémité a conduit nombre de personnes au supplice. Petit, cette chanson m’avait marqué, je ne la comprenais pas, mais son air devait me faire ressentir quelque chose. J’avais demandé à mon père ce que tout cela voulait dire. Il m’avait raconté l’histoire de Nicola Sacco et de Bartolomeo Vanzetti, il m’avait dit qu’il s’agissait d’innocents condamnés à mourir sur la chaise électrique pour un crime qu’ils n’avaient pas commis. Je ne sais pas si mon père m’avait dit si ces deux hommes étaient des anarchistes, de toute façon je n’aurais pas compris ce mot. Par contre, ils étaient italiens… Italiens, étrangers, ça je l’ai bien compris. Comment pouvait-on exécuter des gens innocents ? Pourquoi le fait qu’ils soient étrangers soit une circonstance aggravante? Et puis plus simplement pourquoi mettre des gens à mort ? Ce que mon père m’a expliqué ce jour-là à changer quelque chose en moi. Ce qui pour moi, enfants, était une incompréhension des agissements des adultes mêlée à un sentiment d’injustice est aujourd’hui, vingt ans plus tard, une véritable colère mêlée de tristesse peut-être même de désespoirs.

Cette colère, ce dégoût, je l’ai de nouveau ressenti ce matin à mon réveil, nous sommes le mercredi 13 janvier 2021… Cette nuit, Lisa Montgomery a été exécutée par injection létale au pénitencier de Haute-Terre dans l’Indiana. Elle aurait dû être assassinée la veille, mais elle avait obtenu qu’un ultime recours soit examiné. J’ai appris cela hier, naïvement j’étais satisfait, je suis allé me coucher en me disant qu’au moins cette abomination aura été évitée. Naïvement je pensais qu’avec la lenteur habituelle à laquelle va la justice bourgeoise, elle aurait le temps de voir Biden investir la maison blanche. Il l’aurait peut-être gracié, mais ce n’est que pure spéculation, rien ne contraint un élu aussi au placé soit-il à faire en sorte que ses paroles et ses actes soient cohérents. La justice bourgeoise sait quand elle doit se montrer rapide et cruelle. Lisa Montgomery a donc été exécutée dans la nuit 1h30 du matin heure américaine, 7h30 heure française, après une vie entière de souffrance et d’abus. Elle n’était ni innocente, ni étrangère, ni engagée politiquement, elle était plutôt le fruit de la misère, de la violence ordinaire poussée à son paroxysme. La dernière fois que des femmes avaient été exécutée par l’État fédéral c’était en 1953, Bonnie Brown Heady pour meurtre. Quelque mois plus tôt, un McCarthysme triomphant faisait brûler Ethel Rosenberg sur la chaise électrique comme jadis les sorcières. L’ère moderne a remplacé le feu par l’électricité, l’après guerre les forces démoniaques par le socialisme. Dans les années 70, le progrès a introduit l’injection létale à la liste des supplices. Le progrès, toujours le progrès, un bel argument, surtout quand il sort de la bouche nauséabonde de conservateurs pour justifier et maintenir les traditions les plus ignobles et rétrogrades. Le supplice par injection létale n’est en rien un progrès. 20 minutes en moyenne entre le moment où le supplicié rentre dans la chambre d’exécution et sa mort effective. C’est le temps qu’il nous faut pour regarder tranquillement dans son canapé un épisode de South park ou des Simpson en se gaussant grassement de la bêtise de ses idiots d’américains.

La bêtise des Américains et de leur président, parlons-en. N’est-il pas plus simple de voir de la bêtise chez les Américains plutôt que des intérêts politiques, électoraux, des enjeux de domination ? Cela nous permet de ne pas regarder ce qui se passe ici. La cause des dérives autoritaires, autocratiques, réactionnaires aux USA c’est bien sûr la connerie des Américains, ce sont des cons, des conspirationnistes, des fans de monster truk et de junk food. Ce mépris que nombre d’entre nous a pour la classe des travailleurs des USA me fatigue. Au fond c’est un mépris pour nous même, les travailleurs et les travailleuse des États-Unis d’Amérique sont nos frères et nos sœurs, ils subissent la même exploitation que nous et sont manipulés par les mêmes médias de masse au service du capital. Mais c’est vrai qu’il est bien plus simple de penser qu’ils ne sont qu’une bande de débiles assoiffés de bière et de Rodéo. Ce qu’ils vivent ne se passera pas en France, on est bien trop malin. Ils nous ont quand même bien fait marrer ces débiles à écouter leur président déblatérer à tour de bras les mensonges conspirationnistes que porte l’extrême droite entre deux accusations de fake news. Ouais, il nous aura bien faire marrer ce con… À côté d’eux c’est vrai qu’on était nul, on avait juste un ministre de l’Intérieur, des députés, des polémistes, des journalistes, qui nous parlaient « d’islamo-gauchisme ». Bah ouais c’est évident les militants de gauche sont des islamistes en puissance. Tout comme eux, les gauchistes sont contre l’avortement et l’homosexualité. Tout comme eux ils défendent une ségrégation raciale et religieuse. Tout comme eux ils pensent que la nature a donné aux hommes et aux femmes, enfin surtout aux hommes, une fonction bien précise que chacun doit respecter. C’est évident, ce ne sont ni les conservateurs, ni les réactionnaires, ni les fascistes qui pensent cela, non c’est les gauchistes semble-t-il… Bref les responsables de toutes cette merde, ce se sont des gens, des militants, qui n’ont jamais été aux affaires, ce sont les gauchistes. Mais non, nous on est plus intelligent que ça, nous on croit pas des théories fumeuses comme tous ces débiles d’américains qui chantent de la country au coin du feu avec des chapeaux de cow-boys.

Chez nous aussi la réaction avance, bordel qu’elle avance vite, avec le même manque de finesse que ce qui se fait aux USA. La bourgeoisie, il faut la nommée puisque qu’elle s’octroie le droit de nommé les ennemis de la Nation, puisqu’elle se donne le droit de dire qui est un bon manifestant ou un black block, qui est un vrai gilet jaune ou un faux gilet jaune, un bon journaliste ou un journaliste militant, un étranger avec la volonté de venir voler les biens durement acquis par les travailleurs français ou un milliardaire saoudien wahhabite venu acheter des armes à la France sans la moindre intention de commettre un crime de guerre comme bombarder des écoles au Yémen… Donc la bourgeoisie avance, elle avance avec les bottes de la violence légitime appuyer par les médias dont elle est propriétaire. En avançant cette bourgeoisie réactionnaire renvoie la classe des travailleurs dans l’abîme dont elle avait su s’extirper par la lutte et la solidarité. Elle matte la classe des travailleurs par la violence ordinaire du management et du chômage de masse. Aux États unis d’Amérique, en France, qu’importe l’endroit, les cibles, les victimes de cette violence légitime de l’état sont systématiquement les mêmes, les pauvres, les étrangers ou ceux considérés comme tel, les marginaux, les militants politiques, les ouvriers, les journalistes, les fonctionnaires, les chômeurs… les déviants. Au fond la peine de mort n’est que l’avatar le plus effroyable de cette violence.

À l’heure où je finis ce texte, deux personnes seront mis au supplice de l’injection létale dans la chambre d’exécution de Haute-Terre dans l’Indiana cette semaine. La fin du mandat de Trump est sanglante, il est évident que personne ne sera gracié… Contrairement aux mercenaires de Blackwater graciés alors qu’ils ont tué quatorze civils irakiens ou nombres de vieux, riches, blancs, délinquants voir criminels, ami du président maffieux des États-Unis d’Amérique. La peine capitale comme les grâces, c’est politique, c’est électoral, c’est une histoire de classe et de réseau. De toute façon, ils n’ont rien à foutre de la vie des pauvres, ils n’en ont vraiment rien à foutre. Ils sont prêts à tout pour défendre leur pouvoir, leur sainte propriété privé des moyens de production, leurs valeurs immondes, leur ordre moral bien pensant qu’ils pensent légitime par nature.

À l’heure où je finis ce texte, je pense aux voix de George Moustaki et de Joan Baez, j’ai découvert la version originale bien plus tard. Elles me redonnent un peu d’espoirs… Et désormais je sais ce que signifie anarchiste.

 » Maintenant Nicolas et Bart
Vous dormez au fond de nos cœurs
Vous étiez tous seuls dans la mort
Mais par elle vous vaincrez « 

Grande manifestation contre les expulsions de logements et de squats et contre celle, imminente, de la Grande Ourse

mardi, janvier 5th, 2021

La préfecture expulse en plein hiver, de façon illégale et ultra violente comme cela s’est produit au RIO à Angers au mois de décembre dernier et comme cela se passe partout en France.

Non content de nous confiner, de nous tabasser dans les manifestations, de détruire ce qui reste de nos droits du travail, de soutenir une agriculture conventionnelle écocidaire et j’en passe et des meilleures, le gouvernenement et ses préfets expulsent les plus fragiles de leur logement et ce dans le silence complice des grands médias.

Samedi, c’est le lieu de la Grande Ourse que nous allons défendre. Ce lieu a permis à beaucoup de s’organiser, de présenter des alternatives à l’inhumanité du gouvernement, de se réjouir lors de concerts, projections, soirées en tout genre, de proposer aux plus vulnérables de la nourriture, des vêtements et un accompagnement gratuit. Ce lieu est aujourd’hui expulsable et nous nous devons de le défendre car il compte parmi les derniers endroits à Angers au sein desquels la solidarité et la liberté sont encore une réalité.

Béchu et la préfecture veulent faire le ménage dans leur ville et éradiquer toute alternative et résistance au capitalisme et au conservatisme.


Nous sommes les habitantEs de cette ville, ne les laissons pas faire !

RETROUVONS NOUS TOUTES ET TOUS SAMEDI 9 JANVIER A 16h sur l’Esplanade du Coeur de Maine

Pour les syndicat CNT du Maine-et-Loire c’est toujours Non aux expulsions sans relogement ! Tous et toutes dans la rue samedi 9 janvier.

Liberté, égalité, PAPIERS !

mercredi, décembre 16th, 2020

Les syndicats CNT du Maine-et-Loire (49), appellent leurs adhérants-es et sympathisants-es à se rassembler vendredi 18 décembre à 17h30 place du ralliement à Angers en soutien aux sans papiers.

Retrait ! Retrait ! Stop dictature !

vendredi, décembre 4th, 2020

Les syndicats CNT 49 appellent leurs adhérants-es et sympathisants-es à se rendre au rassemblement contre cette loi fascisante.

Retrait de la loi Sécurité Globale, rassemblement samedi 5 décembre place du Ralliement à 15h30.

En colère mais déterminé

mercredi, novembre 25th, 2020

L’ensemble des syndicats CNT du Maine-et-Loire sont solidaires des immigrés avec ou sans papier, mais aussi des galériens qui vivent à la rue depuis toujours malgré les promesses des gouvernements.

La chasse à laquelle se sont livrés les forces répressives de l’état hier à Paris est inacceptable. Les militants-es de la CNT 49 sont certes en colère, mais surtout déterminés à poursuivre la lutte. Pas de frontière entre les peuples, un toit pour toutes et tous. À bas le capital !

contre le projet de loi « sécurité globale »

lundi, novembre 16th, 2020

A l’initiative de plusieurs organisations syndicales et associatives, des rassemblements sont prévus dans plusieurs villes de l’hexagone, le 17 novembre contre la proposition de loi liberticide sur la « Sécurité globale ». Notre confédération syndicale, la C.N.T se joint à l’ensemble des initiatives organisée en localité.

Ce mardi 17 novembre 2020, le groupe La République en marche (LREM) présentera en séance publique sa proposition de loi sur la sécurité globale. Ce texte s’inscrit dans la foulée du Schéma national du maintien de l’ordre promulgué le 16 septembre dernier par le ministre de l’Intérieur.

L’article 24 de cette proposition de loi interdit à toute personne de diffuser « l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale, autre que son numéro d’identification individuel, lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police » et que cette diffusion a pour « but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique ».

En réalité, le fait de diffuser l’image notamment en direct serait donc, de fait, quasiment impossible.

Le seul fait de filmer ou de photographier conduira à des interpellations et des violences par les forces de l’ordre, comme c’est déjà trop souvent le cas aujourd’hui.

Clairement, c’est non seulement les journalistes, reporteurs-photo, reporteurs d’images, documentaristes, membres d’observatoires citoyens qui sont visés, mais aussi quiconque, qui avec son téléphone portable prendra des photos, notamment lors de manifestations ou de mouvements sociaux.

En revanche, les membres des forces de l’ordre pourront tout à loisir filmer ou photographier la population.

La démarche des députés LREM porteurs de cette proposition relaie la volonté du gouvernement qui entend museler encore un peu plus la classe ouvrière qui s’organise pour lutter contre un gouvernement au service du capital et du patronat. C’est aussi l’occasion de censurer la liberté d’informer, de s’exprimer, et par là-même de manifester.

Tout aussi problématique est l’introduction en urgence et au dernier moment d’un « délit d’entrave », dans la Loi de Programmation de la Recherche (LPR), visant à criminaliser les étudiant·e·s ou enseignant·e·s manifestant dans l’enceinte de l’université, qui pourraient alors encourir 3 ans d’emprisonnement et jusqu’à 45000€ d’amende.

la Confédération nationale du travail (CNT) appelle l’ensemble de la population à se joindre aux différents rassemblements organisés ce jour, dans le strict respect des règles sanitaires. Pour la liberté d’informer et d’être informé·e ! Pour la liberté d’expression contre une loi liberticide !

LA CNT

Pétition : http://chng.it/hr42PDnWWv

Black Lives Matter, justice pour toutes et tous

dimanche, juin 7th, 2020

Mardi 9 juin à Angers, 1 semaine après le jour historique emmené par le comité Adama et tous les collectifs Vérité & Justice.

Mardi 17h marche au départ du parking du château d’Angers !

Appel relayer par Justice pour nos quartiers, PSN 49 syndicat des quartiers populaires, le Collectif Interquartiers49 et de nombreux autres. La CNT 49 se joint à l’appel.

Solidarité avec Vincenzo ! Stop à la répression !

lundi, janvier 13th, 2020

Nous appelons à un samedi de RESISTANCE sur Angers

vendredi, novembre 1st, 2019

Soyez nombreux à résister, à dire STOP les guerres, STOP les violences, STOP la misère :

Journée Mondiale de Résistance pour le Rojava – 2 Novembre :

« Le 1er novembre 2014, des millions de personnes dans le monde entier sont descendues dans la rue pendant un jour pour exprimer leur solidarité avec la résistance héroïque de Kobanê. Nous appelons le 2 novembre de cette année à être une journée de résistance mondiale contre la guerre d’agression turque, pour briser la normalisation de la situation et mettre fin aux offensives. Participez à des actions créatives et variées de désobéissance civile, des manifestations et bien d’autres, et envahissez les rues et les espaces publics. Tant que la tuerie continue, la résistance ne doit pas s’arrêter. »

Nous vous appelons à faire de ce 2 novembre un moment fort de résistance sur Angers :

16H30 devant la préfecture d’Angers, apporter votre soutien aux Kurdes du
Rojava !

Communiqué de la CNT de Barcelone face aux derniers événements

jeudi, octobre 31st, 2019

Face à la confusion de certain·e·s de nos camarades en France sur la lutte du peuple catalan pour son autodétermination dans un moment où les libéraux du pays poussent par des intérêts capitalistes à une « démocratie républicaine », face aussi à la propagande médiatique bourgeoise qui essaye de dire que des groupes radicaux d’anarchistes poussent à l’extrême violence ce mouvement de contestation et qu’ils participent activement, il faut rappeler la position des groupes libertaires, qu’ils soient dans les syndicats ou pas.

Face à la confusion de certain·e·s de nos camarades en France sur la lutte du peuple catalan pour son autodétermination dans un moment où les libéraux du pays poussent par des intérêts capitalistes à une « démocratie républicaine », face aussi à la propagande médiatique bourgeoise qui essaye de dire que des groupes radicaux d’anarchistes poussent à l’extrême violence ce mouvement de contestation et qu’ils participent activement, il faut rappeler la position des groupes libertaires, qu’ils soient dans les syndicats ou pas.

La CGT et la CNT, les deux syndicats anarchistes, ont réagi depuis bien longtemps et ont même signé des textes ensemble pour ce positionner contre le nationalisme qui détruit tout leur travail de lutte des classes dans les quartiers et dans les lieux de travail pour de meilleures conditions de vie en Catalogne et en faveur des travailleurs et travailleuses immigré·e·s. Si les anarchistes participent de ce mouvement, les raisons sont autres (anticarcérale, contre la répression policière et contre l’État – qu’il soit espagnol ou catalan). Ci-dessous, nous pouvons lire le dernier communiqué de la CNT de Barcelone publié le 18 octobre 2019 dans le journal Solidarid Obrera.

Confédération nationale du travail Barcelona face aux derniers événements

La décision du procès qui a entraîné des peines de prison disproportionnées pour douze personnalités de la vie politique catalane pour différents crimes représente un net recul des libertés, car elle génère une jurisprudence qui finira par être utilisée contre la contestation sociale sous toutes ses formes. Par conséquent, nous comprenons la réponse sociale dans les rues.

À la CNT Barcelone, nous voulons faire connaître notre position sur les événements répressifs qui ont suivi : des dizaines de blessés, un jeune homme qui a perdu un œil, un autre qui a perdu un testicule, etc. Face à un tel spectacle, la seule chose que nous puissions faire est de nous positionner contre la répression : la CNT ne sera jamais du côté du bourreau.

Ceci dit, nous souhaitons également déclarer qu’en tant qu’organisation de classe, nous sommes à la fois contre le projet relatif à l’État espagnol autant qu’à l’État catalan. Étant donné que chaque État, dans l’exercice du monopole de la violence et en tant qu’instrument de l’oligarchie, vise à contrôler et à extraire la richesse générée par la classe ouvrière au profit de quelques-uns. À cette occasion, la bourgeoisie catalane a elle-même été victime des réseaux répressifs d’une démocratie libérale, à laquelle elle est indispensable depuis des décennies. Nous ne pouvons pas oublier la torture dans les prisons catalanes, la corruption systématique et la répression à l’égard de notre organisation et de nombreux autres groupes et personnes qui en ont été victimes. Dans un exercice évident d’hypocrisie et de cynisme, nous avons été témoins de la façon dont le président Quim Torra a encouragé le peuple à manifester et à le réprimer ensuite avec la police. Le ministre des Affaires étrangères, Miquel Buch, a défendu les actions des Mossos, condamnant la « violence des manifestants ». Oriol Junqueras continue d’insister pour que le conflit soit résolu aux urnes, bien sûr.

Nous nous tournons vers la classe ouvrière de Catalogne qui est descendue dans la rue pour lui exprimer avec conviction que ce ne seront ni les dirigeants politiques, ni ceux des drapeaux rances et ensanglantés, ni ceux des enseignements nouveaux et prometteurs qui nous mèneront vers une société plus sociale, juste et libre. Ils ne le seront pas parce qu’ils ne l’ont jamais voulu, parce qu’ils ont toujours défendu en fin de compte des intérêts très spécifiques, les leurs. C’est pourquoi ils n’ont pas hésité, et n’hésiteront pas, à utiliser les gens pour se protéger, en utilisant les illusions et les sentiments de la population, en canalisant la culture, la langue et les faits différenciateurs vers la polarisation et le nationalisme. Un nationalisme qui, comme tous les autres, est abstrait ne définit rien au-delà de ce que chacun construit dans son esprit sur l’avenir qui « offre ».

Nous souhaitons également exposer notre désaccord total concernant le comportement des syndicats de l’indépendance, qui soutiennent le projet nationaliste de grèves politiques ces dernières années, en vidant de sens un outil de lutte des travailleurs. La grève est un outil de la classe ouvrière pour s’opposer au capital, pas pour couvrir des projets patriotiques.

Nous voulons nous débarrasser des partis politiques, de ces organisations « syndicales », du nationalisme. Notre seule lutte est celle qui représente nos intérêts en tant que classe ouvrière : la lutte des classes. C’est le seul moyen. En ce sens, nos aspirations sont claires :

  • Nous nous opposons à la dernière réforme du travail (2012), qui a réduit et facilité le licenciement, généralisant le licenciement objectif, donnant à l’ETT le rang d’agences de placement, facilitant la reprise des accords et, finalement, rendant nos conditions de travail encore plus précaires.
  • Contre la soi-disant loi Gag (2015) qui était une réponse aux mobilisations sociales, qui vise à réduire au silence des sanctions — avec des amendes allant jusqu’à 600 000 euros —, à la poursuite de réunions, rassemblements, manifestations…
  • Toutes ces lois et beaucoup d’autres obéissent à une stratégie répressive et néolibérale à l’encontre de la classe ouvrière à laquelle le gouvernement catalan a également participé. Nous nous opposons également à des lois catalanes telles que Llei Aragonès, perpétrées par le vice-président du gouvernement actuel, Pere Aragonès, qui menace de privatiser et de marchandiser encore plus de services de base tels que l’éducation, la santé ou les services sociaux.

C’est notre prochain horizon, et les premières bases d’un véritable changement social, au-delà de la fumée qu’ils nous vendent depuis deux ans avec les déclarations du cirque électoral dans lequel nous évoluons. De la CNT, nous parions que la classe ouvrière est organisée sur le lieu de travail, dans les quartiers, à travers des organisations horizontales. Une stratégie cohérente est également nécessaire, qui peut commencer avec la formation de sections syndicales sur le lieu de travail pour améliorer les conditions de travail, les associations de quartier dans les quartiers pour lutter contre la spéculation urbaine, etc.

Certes, cette année marque le 100e anniversaire de la fameuse grève de la Canadiense, la grande grève grâce à laquelle la journée de huit heures a été réalisée, et qui est maintenant utilisée par des secteurs indépendants pour montrer à quel point le peuple catalan a toujours été combatif. Mais ce n’est pas le peuple catalan, mais la classe ouvrière — également immigrante d’autres parties de la péninsule — apatride et internationaliste pour la plupart, qui a joué le rôle principal dans ce grand exploit. Nous sommes profondément choqués de voir la manière dont la lutte de nos copains et nos copines est en train d’être utilisée. Sans doute, qu’ils et elles ont du faire face à la tentative par certains de donner à leur lutte un caractère « identitaire ». Ils et elles n’avaient pas de doutes, ils et elles savaient appartenir à la classe ouvrière, car ils et elles étaient organisés à la CNT.

Pour lire l’original en catalan et en espagnol :
https://lasoli.cnt.cat/2019/10/18/opinio-cnt-barcelona-davant-els-ultims-esdeveniments-repressius/

La CGT et la CNT, les deux syndicats anarchistes, ont réagi depuis bien longtemps et ont même signé des textes ensemble pour ce positionner contre le nationalisme qui détruit tout leur travail de lutte des classes dans les quartiers et dans les lieux de travail pour de meilleures conditions de vie en Catalogne et en faveur des travailleurs et travailleuses immigré·e·s. Si les anarchistes participent de ce mouvement, les raisons sont autres (anticarcérale, contre la répression policière et contre l’État – qu’il soit espagnol ou catalan). Ci-dessous, nous pouvons lire le dernier communiqué de la CNT de Barcelone publié le 18 octobre 2019 dans le journal Solidarid Obrera.

Confédération nationale du travail Barcelona face aux derniers événements

La décision du procès qui a entraîné des peines de prison disproportionnées pour douze personnalités de la vie politique catalane pour différents crimes représente un net recul des libertés, car elle génère une jurisprudence qui finira par être utilisée contre la contestation sociale sous toutes ses formes. Par conséquent, nous comprenons la réponse sociale dans les rues.

À la CNT Barcelone, nous voulons faire connaître notre position sur les événements répressifs qui ont suivi : des dizaines de blessés, un jeune homme qui a perdu un œil, un autre qui a perdu un testicule, etc. Face à un tel spectacle, la seule chose que nous puissions faire est de nous positionner contre la répression : la CNT ne sera jamais du côté du bourreau.

Ceci dit, nous souhaitons également déclarer qu’en tant qu’organisation de classe, nous sommes à la fois contre le projet relatif à l’État espagnol autant qu’à l’État catalan. Étant donné que chaque État, dans l’exercice du monopole de la violence et en tant qu’instrument de l’oligarchie, vise à contrôler et à extraire la richesse générée par la classe ouvrière au profit de quelques-uns. À cette occasion, la bourgeoisie catalane a elle-même été victime des réseaux répressifs d’une démocratie libérale, à laquelle elle est indispensable depuis des décennies. Nous ne pouvons pas oublier la torture dans les prisons catalanes, la corruption systématique et la répression à l’égard de notre organisation et de nombreux autres groupes et personnes qui en ont été victimes. Dans un exercice évident d’hypocrisie et de cynisme, nous avons été témoins de la façon dont le président Quim Torra a encouragé le peuple à manifester et à le réprimer ensuite avec la police. Le ministre des Affaires étrangères, Miquel Buch, a défendu les actions des Mossos, condamnant la « violence des manifestants ». Oriol Junqueras continue d’insister pour que le conflit soit résolu aux urnes, bien sûr.

Nous nous tournons vers la classe ouvrière de Catalogne qui est descendue dans la rue pour lui exprimer avec conviction que ce ne seront ni les dirigeants politiques, ni ceux des drapeaux rances et ensanglantés, ni ceux des enseignements nouveaux et prometteurs qui nous mèneront vers une société plus sociale, juste et libre. Ils ne le seront pas parce qu’ils ne l’ont jamais voulu, parce qu’ils ont toujours défendu en fin de compte des intérêts très spécifiques, les leurs. C’est pourquoi ils n’ont pas hésité, et n’hésiteront pas, à utiliser les gens pour se protéger, en utilisant les illusions et les sentiments de la population, en canalisant la culture, la langue et les faits différenciateurs vers la polarisation et le nationalisme. Un nationalisme qui, comme tous les autres, est abstrait ne définit rien au-delà de ce que chacun construit dans son esprit sur l’avenir qui « offre ».

Nous souhaitons également exposer notre désaccord total concernant le comportement des syndicats de l’indépendance, qui soutiennent le projet nationaliste de grèves politiques ces dernières années, en vidant de sens un outil de lutte des travailleurs. La grève est un outil de la classe ouvrière pour s’opposer au capital, pas pour couvrir des projets patriotiques.

Nous voulons nous débarrasser des partis politiques, de ces organisations « syndicales », du nationalisme. Notre seule lutte est celle qui représente nos intérêts en tant que classe ouvrière : la lutte des classes. C’est le seul moyen. En ce sens, nos aspirations sont claires :

  • Nous nous opposons à la dernière réforme du travail (2012), qui a réduit et facilité le licenciement, généralisant le licenciement objectif, donnant à l’ETT le rang d’agences de placement, facilitant la reprise des accords et, finalement, rendant nos conditions de travail encore plus précaires.
  • Contre la soi-disant loi Gag (2015) qui était une réponse aux mobilisations sociales, qui vise à réduire au silence des sanctions — avec des amendes allant jusqu’à 600 000 euros —, à la poursuite de réunions, rassemblements, manifestations…
  • Toutes ces lois et beaucoup d’autres obéissent à une stratégie répressive et néolibérale à l’encontre de la classe ouvrière à laquelle le gouvernement catalan a également participé. Nous nous opposons également à des lois catalanes telles que Llei Aragonès, perpétrées par le vice-président du gouvernement actuel, Pere Aragonès, qui menace de privatiser et de marchandiser encore plus de services de base tels que l’éducation, la santé ou les services sociaux.

C’est notre prochain horizon, et les premières bases d’un véritable changement social, au-delà de la fumée qu’ils nous vendent depuis deux ans avec les déclarations du cirque électoral dans lequel nous évoluons. De la CNT, nous parions que la classe ouvrière est organisée sur le lieu de travail, dans les quartiers, à travers des organisations horizontales. Une stratégie cohérente est également nécessaire, qui peut commencer avec la formation de sections syndicales sur le lieu de travail pour améliorer les conditions de travail, les associations de quartier dans les quartiers pour lutter contre la spéculation urbaine, etc.Certes, cette année marque le 100e anniversaire de la fameuse grève de la Canadiense, la grande grève grâce à laquelle la journée de huit heures a été réalisée, et qui est maintenant utilisée par des secteurs indépendants pour montrer à quel point le peuple catalan a toujours été combatif. Mais ce n’est pas le peuple catalan, mais la classe ouvrière — également immigrante d’autres parties de la péninsule — apatride et internationaliste pour la plupart, qui a joué le rôle principal dans ce grand exploit. Nous sommes profondément choqués de voir la manière dont la lutte de nos copains et nos copines est en train d’être utilisée. Sans doute, qu’ils et elles ont du faire face à la tentative par certains de donner à leur lutte un caractère « identitaire ». Ils et elles n’avaient pas de doutes, ils et elles savaient appartenir à la classe ouvrière, car ils et elles étaient organisés à la CNT.

Pour lire l’original en catalan et en espagnol :
https://lasoli.cnt.cat/2019/10/18/opinio-cnt-barcelona-davant-els-ultims-esdeveniments-repressius/